Les MCs renvoient souvent à leurs propres performances vocales par le terme de « flow », qui désigne la façon dont elles ou ils articulent et font sonner la langue. Cette notion entrecroise des questions de rythme musical, de cadence prosodique, d’accentuation, de timbre et de hauteur vocale, autant que d’autorité et de subjectivation. Il s’y joue donc une association spécifique du verbal et du vocal qui, parce qu’elle ne s’embarrasse pas d’une correspondance clairement mesurable entre le langage musical et le langage verbal, permet des nuances et des effets subtils. Il nous semble que l’étude du flow permettrait de penser l’association musicale et verbale au sein de l’art de la ou du MC, à condition de nous donner les moyens de mobiliser des outils d’analyse aussi bien littéraires (thématiques, prosodiques) que musicaux, de rythme, de timbre ou de hauteur. C’est à une réflexion sur les outils d’analyse nécessaires à l’étude du flow que nous souhaitons nous consacrer, en évitant le double piège d’un réductionnisme technique et d’un impressionnisme métaphorique.
- Une première piste serait d’abord d’écouter les discours des MC, souvent prolixes quant aux qualités de leur flow et/ou de leur voix, notamment dans les morceaux de type egotrip.
- Une seconde piste de réflexion pourrait proposer des études de cas, et ce à deux échelles : celle de l’individu, dont le flow est la signature vocale, et celle du groupe défini de diverses manières (régional, générationnel, genré, par sous-genre rapologique)
- On pourrait aussi essayer de comprendre comment le flow permet aux rappeur.ses de construire un ethos, voire une scénographie qui multiplie, dans le temps court du clip, les personnages
- On pourrait aussi imaginer des études diachroniques de l’évolution du flow – et des critères à travers lesquels on l’évalue – dans le rap francophone, anglophone ou autre, qui permettrait d’historiciser la notion ; des réflexions sur la façon dont un flow (old school, mumble rap, etc.) devient emblématique d’une époque et d’une génération (Mahiou 2021) ; ou dont un flow peut être le marqueur, non seulement d’un individu, mais d’un groupe, d’une région (flow du Sud des États-Unis, « Philly flow »), d’une identité de genre voire d’un crew (le flow Time Bomb, le flow rétro de l’Entourage/1995…).

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