Alors que le ministère de l’Intérieur a déclaré récemment que les événements culturels et sportifs qui se tiendront au même moment que les Jeux olympiques de Paris 2024 pourraient être annulés ou décalés faute de moyens en sécurité publique, comment cette nouvelle a-t-elle été reçue par le monde culturel, déjà fortement impacté par la pandémie de Covid-19 ?

Emmanuel Négrier, directeur de recherche au CNRS, responsable du Centre d’études politiques et sociales de l’université de Montpellier et spécialiste de la question des festivals culturels, répond à Sylvie Robert, sénatrice d’Ille-et-Vilaine et directrice de l’Observatoire de la culture de la Fondation Jean-Jaurès.
Extrait de l’entretien complet à trouver sur le site de la Fondation Jean Jaurès : http://bit.ly/3VyfcEE
En tout état de cause, cette déclaration, dans sa forme comme pour le fond, représente un fait nouveau et extrêmement inquiétant pour la culture, et la place qu’elle occupe désormais dans l’agenda gouvernemental. Subordonner la vie culturelle à un état sanitaire inédit et dramatique n’était déjà pas correctement fondé. Mais conditionner la tenue d’événements populaires à celle de quinze jours de compétitions sportives, certes mondiales et de grande portée symbolique, démontre à la fois une méconnaissance et une déconsidération de la place de la culture dans la société française.
Déjà, le monde culturel a vécu la sidération d’être mis, à l’occasion de la pandémie, au rang des pratiques non essentielles et de ce fait écarté de toute possibilité de maintien. Ce black-out s’est établi alors même que les acteurs concernés avaient fait preuve de toutes les prudences pour se produire malgré tout ; qu’aucune preuve n’a été apportée d’un effet sanitaire réel de telles mesures, comparé à l’encombrement, lui autorisé, des grandes surfaces commerciales et réseaux de transport collectif ; et que la persistance du goût pour les sorties culturelles a été prouvée deux fois : par le maintien de pratiques culturelles, en dépit des interdictions (rassemblements clandestins, investissement des ressources distantielles) et par le regain net des sorties dès lors que les possibilités étaient à nouveau offertes, tranchant avec l’hypothèse même d’une culture inessentielle.
Après avoir enduré deux années de menace vitale sur leur existence, les festivals, et pas seulement les plus grands événements musicaux, ont énormément investi pour que leurs éditions 2022 marquent le retour de la liesse – de ces temps culturels et sociaux dont nos sociétés moroses ont plus que besoin. Nous savons aujourd’hui que le résultat est extrêmement contrasté, comme en témoignent les premières estimations du Centre national de la musique.
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