L’UPFI (Union des Producteurs phonographiques Français Indépendants) rappelle que la manipulation des écoutes sur les plateformes de streaming, également connue sous le terme de « fake streams« , porte atteinte à l’intégrité de la filière musicale, au développement d’un marché du streaming vertueux et à la juste rémunération des ayants droit. Elle appelle également à un sursaut du secteur et des pouvoirs publics face à ce phénomène désastreux à l’ampleur grandissante.

Générer de fausses écoutes ou vues sur les plateformes de streaming musical peut être une pratique très lucrative : en gonflant artificiellement le volume de consommation d’un ou plusieurs titres, on accroît la notoriété et la valeur économique d’un projet ou d’un artiste. Ces prestations, assurées par des individus ou entreprises très discrets, promettent aux ayants droit un avenir radieux : intégration à des playlists au fort pouvoir prescriptif, meilleur référencement dans les moteurs de recherche, accès au haut des classements de ventes…
Elle n’est pas sans conséquence sur les redevances versées aux ayants droit. En effet, le modèle de rémunération actuel des plateformes de streaming prévoit que les revenus tirés de l’écoute de musique soient placés dans un « pot commun » et répartis selon le volume de streams global généré par les artistes, et non selon la réalité des écoutes de chaque abonné. Par conséquent, un artiste ayant acheté des streams capte une rémunération qui lèse l’ensemble des artistes dont les titres sont accessibles sur la plateforme. Cela contribue en prime à assécher le revenu de genres musicaux déjà peu rémunérés par l’exploitation en streaming et qui menace, à terme, la survie de notre diversité musicale.
L’UPFI en appelle à un sursaut collectif dans la lutte contre les fake streams :
- Du côté de la musique enregistrée : les organisations professionnelles et organismes de gestion collective des droits doivent sensibiliser leurs membres (artistes, producteurs, distributeurs, managers, etc.) quant aux conséquences de ces pratiques, afin que plus personne ne puisse se retrancher derrière un supposé « manque d’information » ; les labels et distributeurs, indépendants ou majors, doivent se montrer exemplaires, transparents et coopératifs avec tous les autres partenaires afin de juguler ce fléau ;
- Du côté des plateformes : celles-ci doivent rapidement affecter des moyens plus importants à l’identification des écoutes frauduleuses, mettre en place des procédures de reporting et de sanction adaptées et accroître la transparence de leurs méthodes, notamment afin d’améliorer la détection des contenus suspicieux, les techniques utilisées par les fraudeurs étant de plus en plus sophistiquées ; il est regrettable notamment qu’elles ne fassent pas toutes preuve d’un niveau égal d’engagement dans la lutte contre la manipulation des streams ;
- Du côté des pouvoirs publics : ceux-ci doivent, au terme d’une phase de quantification du phénomène, qualifier juridiquement l’infraction, veiller à former et sensibiliser les services de l’État concernés et muscler la réponse judiciaire, notamment après identification des acteurs proposant ce type de prestations, en coordination avec la filière musicale ; par ailleurs, l’ARCOM serait légitime pour superviser les efforts entrepris par les plateformes, recueillir les plaintes contre les acteurs fournissant des prestations d’achat de streams et produire une observation annuelle de cette pratique (sous réserve de bénéficier de ressources financières et de personnel supplémentaires).
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