Extrait d’un article disponible, en anglais, en bien plus complet sur le site de Ted Gioia : http://bit.ly/40GysDj (une vision internationale, mais vue avec des exemples en provenance des USA )

C’est l’époque du boom dans la culture, mes amis. En tout cas, les chiffres sont énormes :

• Cent mille chansons sont téléchargées chaque jour sur les plateformes de streaming.
• L’année dernière, 1,7 million de livres ont été autoédités.
• 2 500 vidéos sont téléchargées sur YouTube chaque minute.
• Il existe désormais 3 millions de podcasts – et 30 millions d’épisodes de podcasts ont été publiés l’année dernière.
• 86 % des jeunes veulent devenir des influenceurs et contribuer à ces chiffres impressionnants.

Notre culture est celle de l’abondance et de la gratification instantanée. Jamais auparavant autant de culture n’avait été accessible à autant de personnes à si peu de frais.

Il y a juste un petit problème : Où est le public ? L’offre de culture est ÉNORME et CROISSANTE. Mais le côté demande de l’équation est moche.

Dans cette culture stratifiée, des millions de chansons sont sorties, mais les récompenses vont à quelques dizaines de superstars. Tout le reste est perdu dans le bruit. C’est une culture par les élites, au profit des élites.

Bien sûr, rien de tout cela ne devrait être surprenant. L’énorme décalage entre l’offre et la demande a été créé délibérément par les dirigeants de notre infrastructure culturelle. Ils accordent des subventions pour créer plus de chansons, de poèmes, de pièces de théâtre et de livres. Mais ils ne se soucient guère de la construction d’un public intelligent et averti pour la culture.

Mais à quoi ça sert de financer plus de chansons si personne n’écoute ?

TikTok est l’autre « paille étroite » dans la culture d’aujourd’hui, et c’est particulièrement troublant. TikTok transforme tout en bonbons de la taille d’une bouchée. Les enquêtes révèlent que les adolescents l’adoptent principalement pour ses attributs comiques et loufoques , et la règle du succès sur la plate-forme est de « rendre vos TikToks aussi courts que possible ».

Que se passe-t-il si une génération entière ignore les journaux, les périodiques et les livres – et d’autres choses ennuyeuses comme les amis et les relations – afin de découvrir le monde et ses offres culturelles dans ce contexte d’infantilisation ?

Nous devons composer avec ce public, que cela nous plaise ou non. C’est le côté crucial de la demande de l’équation. Les chansons, les articles ou les podcasts ne manquent sûrement pas, alors concentrons nos efforts sur la création d’un public averti pour ces offres. Un citoyen plus averti sur le plan culturel n’est pas seulement une bonne affaire pour le monde des arts, mais c’est aussi sain pour la société.

Mais qui entreprendra ce projet vital?