Ceux qui ont l’œil aiguisé et une bonne connaissance de leur institution culturelle préférée auront peut-être remarqué la disparition de leurs musiciens habituels. En effet les orchestres et notamment ceux de maison d’opéras voient des transformations majeures s’opérer. Les postes vacants font florès… Ainsi avec seulement cinq orchestres se cumulent 56 postes non occupés par des musiciens titulaires permanents : soit une moyenne de plus de onze par orchestre. La situation atteint son paroxysme avec l’Orchestre Philharmonique de Nice dont la page Wikipédia mentionne encore 100 musiciens alors qu’il n’en comprend plus que 77. Mais encore, l’Orchestre National de Montpellier qui peu après ses vingt ans d’existence comprenait 94 musiciens ne fête plus ses quarante ans qu’avec un effectif de 84. Au total, et pour les vingt-huit orchestres permanents français, 98 postes sont à cette heure non pourvus.

La situation est pourtant bien connue[1]. Le spectacle vivant n’a toujours pas trouvé la juste adéquation, coincé entre le marteau et l’enclume ou plus exactement entre les lois de Baumol[2] et Raclot[3] : entre la demande de culture des citoyens en termes de qualité et de quantité et « la maladie des coûts » qui oppose le système progressif (gains de production) et archaïque (gains de production impossibles).
Mais encore, à ces lois, et au-delà du Covid, s’ajoutent deux nouvelles « maladies ».
La première est ce qu’est devenu l’effort de démocratisation culturelle. Comme veut le faire savoir Jean Caune[4], « Une histoire de la démocratisation culturelle est achevée, et nous n’en avons pas pris collectivement conscience ». De ce long échec est né un nouveau postulat : la médiation culturelle. Ce type d’action est coûteux en moyens et personnels, des personnels qui viennent accroitre la maladie bureaucratique dénoncée par David Graeber[5] et pèse sur les budgets des opéras et orchestres. Après cinquante années d’échec devra-t-on en attendre encore cinquante autres pour constater celui de la médiation ? Déjà en 2016 la sociologue Gisèle Sapiro en dépeignait les apories.
La seconde maladie est celle qui pourrait se nommer : le syndrome de philharmonie. C’est-à-dire la tentative de vouloir transposer ce que fait la Philharmonie de Paris dans les maisons d’opéras en région
Article complet par Pascal Lagrange dans Opéras et orchestres : http://bit.ly/41919ZR
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