Il s’agit du point de vue détaillé de Ran Geffen Levy, PDG d’Amusica Song Management en Israël et directeur du futur chez OG.studio, une agence de contenu de réalité étendue et de développement commercial facilitant les transitions vers le web3, évoqué dans MBW en anglais : http://bit.ly/3ZRg60M dont voici un des éléments d’analyse.

LE RETOUR DES CRÉATEURS
Les droits des auteurs-compositeurs survivent aux droits des masters. Les enregistrements de certaines légendes des années 1950 et suivantes sont tombés dans le domaine public. Des éléments de l’enregistrement original du domaine public peuvent être utilisés pour créer de nouveaux enregistrements. Prenons, par exemple, le remix de PNAU de Suspicious Mind d’Elvis Presley, publié en juillet 2022 sous le nom de Don’t Fly Away.

Un mashup de la composition de Mark James et de la voix d’Elvis aurait pu être créé en utilisant les pistes vocales de l’enregistrement original publié en 1969 (donc dans le domaine public aux États-Unis). Ce nouveau morceau de musique nécessiterait l’approbation de l’auteur, de l’éditeur et d’Elvis Presley Enterprises (pour la publicité, l’image et la ressemblance). RCA, la maison de disques, ne figure pas sur la liste puisqu’elle a perdu sa propriété au profit du domaine public.

Cela ouvre la voie à un rééquilibrage potentiel de l’ensemble du secteur de la musique : Il suffirait que les auteurs-compositeurs unissent leurs forces à celles des artistes pour utiliser les enregistrements du domaine public ou créer de nouveaux enregistrements de leur catalogue en utilisant leur voix avec l’aide de l’intelligence artificielle et en concédant une licence d’utilisation du nouvel enregistrement à parts égales entre les auteurs-compositeurs et les artistes-interprètes. Ils seraient les nouveaux propriétaires des masters, créant ainsi un nouveau paradigme dans l’industrie musicale pour réparer les erreurs du passé. Grâce à un lien direct avec leur public, ils pourraient promouvoir leur version des enregistrements.

C’est là que les labels musicaux pourraient rapidement se retrouver en porte-à-faux. Il n’est pas difficile d’imaginer un plugin DAW IA capable de recréer une nouvelle musique originale dans le style d’un artiste spécifique et célèbre. Le plugin pourrait alors être commercialisé et vendu sous le nom du musicien. Une licence serait nécessaire pour utiliser les droits d’image et de ressemblance du musicien. Il est important de noter que ces droits sont généralement détenus par le musicien lui-même ou par ses ayants droit, et non par les labels ou les éditeurs.

Il s’agirait donc d’une opportunité unique pour les artistes, qui pourraient demander un pourcentage des revenus générés par un tel plugin, en utilisant des outils d’IA pour identifier des chansons à succès potentielles et en s’impliquant davantage dans le processus de production. Ils pourraient également collaborer avec leurs fans pour créer de la musique et du contenu. En éliminant le besoin de maisons de disques ou d’édition, les musiciens pourraient alors conserver une plus grande partie des bénéfices pour eux-mêmes. C’est ainsi que commence le parcours du créateur, qui passe du statut de créateur à celui de conservateur.

Les entreprises qui créent ces plugins musicaux deviennent les nouveaux « labels » des musiciens à succès. En conséquence, les stations de travail audio numériques (DAW) deviennent le service de streaming des plugins et offrent aux musiciens la possibilité de monétiser leur musique d’une manière différente. Regardez le plugin de préréglage vocal d’Ed Sheeran, ajoutez une nouvelle technologie et le tour est joué. Je me demande quelle est la répartition des revenus de la vente et qui en a obtenu la licence.