Le 28 mars dernier, le chanteur Konoba expliquait dans un post Instagram les diverses raisons qui le poussent à mettre sa carrière musicale en pause, et peut-être même définitivement. S’il parle dans son post de raisons environnementales et de la pression des réseaux sociaux, il parle aussi de l’industrie musicale en Belgique qui devient de plus en plus difficile pour les artistes indépendants. « On pense que la musique belge se porte bien car on a des artistes de rang international (comme Lost Frequencies, Stromae, Angèle…). Mais en réalité, ce sont des gros arbres qui cachent une forêt en feu. L’industrie musicale se mondialise de plus en plus : des super-stars internationales passent en radios, remplissent les zéniths, les stades et les festivals de partout dans le monde. L’espace qu’il reste pour des artistes locaux, à une culture alternative, disparaît d’année en année. Les petites salles sont vides, et les stades remplis. Les petits et moyens festivals ferment leurs portes, les plus gros sont obligés d’augmenter leurs capacités chaque année et doivent proposer des programmations incroyables avec des grosses stars mondiales. C’est tout ou rien, soit tu joues à fond pour devenir une super star, soit tu es inutile et tu disparais. J’ai réussi à me débrouiller en marge du système, en restant complètement indépendant, et j’ai réussi à accomplir de grandes choses dont je suis très fier. Mais la réalité, c’est que je lutte pour survivre financièrement, que je dois me battre non-stop pour mon petit morceau de pain, que ce système fait tout pour m’écraser et me faire disparaître, et c’est fatigant sur le long terme. Il est temps pour moi d’explorer de nouveaux horizons et de trouver une nouvelle voie pour me sentir utile, heureux et accompli. »

L’article complet et entrevue réalisés par Elodie Métral  pour Paris Match Belgique sont disponibles en suivant ce lien : https://bit.ly/3UTOVSp ; Quelques éléments :

• Tout à coup, on est tombé dans une logique folle de la course au plus gros : le plus gros événement, avec le plus de ventes, avec le plus de tickets, avec le plus de streamings… On ne parle que de chiffres.
• De manière plus concrète, on voit que les gros festivals grossissent énormément, alors que les petits et moyens festivals galèrent à s’en sortir. Ils survivent grâce à quelques subsides, avec des affiches très locales et moins chères, mais ils sont vraiment sur le déclin. 
• Quand j’ai commencé la musique, les maisons des jeunes étaient pleines à craquer, il y avait plein de concerts dans les bars, dans les cafés… Et j’ai l’impression que tout ce réseau a disparu en vingt ans, petit à petit. C’est un peu comme si la classe moyenne du secteur musical avait disparu
• Il existe plusieurs types de subventions. Il y a des petites subventions pour faire un EP, pour faire sa promo, pour faire un clip, pour payer ses musiciens et ses techniciens, pour faire une tournée parfois ou des résidences. J’en ai souvent bénéficié, et ça permet de survivre un moment, d’avoir le strict minimum pour arriver à sortir la tête de l’eau. Mais ça s’arrête là. Ce n’est pas suffisant pour vraiment faire grossir un projet.
• On est dans un milieu où il faut toujours montrer un visage conquérant, positif, il faut montrer au monde que tout se passe bien, qu’on a des opportunités, qu’on passe en radio… Si tu critiques le système, tu risques d’avoir des représailles. Que ce soit conscient ou non
• Pendant le Covid, j’avais lancé un mouvement avec une cinquantaine d’autres artistes belges où on demandait des quotas à 20% de diffusion (en 2026, les radios devront diffuser entre 8 et 12% d’artistes de la fédération Wallonie-Bruxelles, ndlr).
  On demandait un peu plus de visibilité pour les artistes émergents pour essayer de créer un cercle vertueux