Des eaux usées toxiques aux émissions de gaz à effet de serre, le boom du vinyle a des effets dangereux – mais le streaming n’est pas une alternative aussi propre qu’il n’y paraît.

Alors que la musique se consomme aujourd’hui presque exclusivement en ligne, le vinyle fait un étonnant retour en force. Deux supports différents, un même problème : les effets néfastes sur l’environnement.
À l’intérieur d’une usine états-unienne de pressage de vinyles – les patrons ont souhaité que je ne divulgue pas l’adresse – des dizaines de machines hydrauliques tournent jour et nuit dans un fracas de métal. Il s’en dégage des senteurs douceâtres de graisse chaude et de plastique fondu. On dirait des reliques d’un autre âge, et c’est effectivement ce qu’elles sont. Pour l’essentiel, les principes technologiques du pressage de disques n’ont pas varié depuis un siècle et ces machines elles-mêmes sont vieilles de plusieurs décennies.
Le marché du vinyle continue de croître, même s’il est sans commune mesure avec le chiffre d’affaires du streaming. Aujourd’hui, les Américains dépensent autant en vinyles qu’en CD, tandis qu’au Royaume-Uni les ventes de vinyles ont atteint 4,3 millions d’unités l’an dernier, en hausse pour la douzième année consécutive. Donc, si vous faites partie des millions de gens qui sont revenus aux disques vinyle, vous aimerez savoir d’où ils viennent et comment on les fabrique.
Chaque station de pressage comporte des cuves, appelées “trémies”, remplies à ras bord de granules de polymère [de plastique] qui ressemblent à des lentilles. Ils sont déversés dans la machine, puis fondus pour former des galettes de la taille de palets de hockey, qui seront ensuite pressées en forme de disques.
Les salariés ne veulent pas nous montrer l’entrepôt où la société stocke son plastique. Mais on en découvre l’origine sur les boîtes en carton, grandes comme des réfrigérateurs, disposées sur le sol devant les machines de pressage : elles sont barrées de grandes lettres rouges qui indiquent “vinyle compound” [“composé vinylique”] et “Product of Thailand”.

Pour une poignée de granulés
Si les granules de vinyle sont transportés dans de grands cartons, il n’en faut qu’une poignée pour fabriquer un disque. Des entreprises pétrochimiques américaines fournissaient une bonne partie de cette matière première, avant que le marché du disque vinyle n’entame son déclin en 1990, faisant disparaître la chaîne d’approvisionnement américaine.
Aujourd’hui que la platine est revenue à la mode, les ingrédients des 33-tours sont fabriqués hors des frontières américaines. Plus de la moitié du polychlorure de vinyle (PVC) utilisé aujourd’hui par les fabricants de disques aux États-Unis provient de Thai Plastic and Chemicals Public Company Limited (TPC), qui a son siège à Bangkok.
Le processus de production du composé de PVC est compliqué. Il comporte de nombreuses phases, un campus de bâtiments, de hauts silos, des cuves profondes, des machines très sollicitées, ainsi que de nombreux ouvriers portant des casques, des filets à cheveux et des lunettes de sécurité. Mais les principes de base sont faciles à imaginer.
Le PVC contient des produits chimiques cancérigènes, et l’opération produit des eaux usées toxiques que l’entreprise est connue pour avoir déversées dans la rivière Chao Phraya, selon Greenpeace, qui affirme que TPC a « un passé d’abus environnementaux » remontant au début des années 1990. Un représentant de la direction de la marque SGC et de la responsabilité sociale des entreprises a décliné les occasions répétées de faire des commentaires détaillés par courriel.
Suite de l’article détaillé du Guardian (en anglais) : https://www.theguardian.com/music/2020/jan/28/vinyl-record-revival-environmental-impact-music-industry-streaming
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